La littérature et moi
A l’instar des visiteurs que j’accueille ici sans doute, j’aime les mots mis bout à bout se transformant en phrases, lesquelles, bien enchaînées, forment des textes qui font sourire, vibrer, rire, réfléchir, voyager, s’émouvoir, se remettre en question, soi-même et le monde qui nous entoure.
Pour résumer, j’aime les textes, et les livres.
Parmi eux, les romans ont créé leur groupe, un peu à part, se différenciant, par leur capacité narrative, des masses de lecture quotidiennement ingurgitées. L’histoire et la narration qui en est faite forment deux entités, qui sont l’une et l’autre d’égale importance à mes yeux et interdépendantes. Le fond et la forme. L’un doit être au service de l’autre, et réciproquement. C’est ainsi que le roman est bon : c’est une bonne histoire bien racontée.
(…) je vous remercie de ne pas faire de rapprochement hâtif avec l’actualité, et les capacités romancières de certains politiques (…)
Bref.
Je pourrais vous parler ici de mes lectures, de la manière dont j’ai entendu pages après pages de la grande musique en lisant Le Fantôme de l’Opéra, comme mes yeux se sont plissés sur les champs de bataille de L’Iliade, à quel point je me suis sentie désorientée dans les labyrinthes borgésiens, combien j’ai humé de parfums, goûté d’épices, de miel et de fins arômes le temps de Mille et une nuits, combien j’ai pleuré, je me suis agacée, indignée, devant le sort de quelque personnage hugolien, de Dickens, de Renard…Comme j’ai ri et ai admiré l’intelligence du Père Brown ou de Rouletabille.
Je pourrais ainsi nourrir des pages et des pages d’exemples de mes atermoiements littéraires. Tout comme vous, qui me lisez, je suppose.
J’ai un rapport très classique à la littérature. Elle est papier, encre, et odeur caractéristique de livre. La numérisation aujourd’hui proposée, je n’y suis en rien réfractaire, seulement, ce contact de la feuille, de l’objet livre, a sur moi cette emprise charnelle qu’une liseuse ne peut encore remplacer.
Et puis un livre, ça prend de la place, c’est doté d’un certain poids, ça rempli physiquement l’espace.
Sur cette notion, me vient à mon souvenir un passage du bouquin d’Alexakis, Les Mots étrangers (que je conseille, au demeurant), expliquant comment, après en avoir fait la commande, son narrateur devait organiser un accueil tout particulier au Grand Robert de la Langue Française, lui ménageant un espace dédié, montant de nouvelles étagères, réorganisant complètement la pièce.
Cet attachement, cet honneur, ce respect du livre, font particulièrement écho en moi.
Il y a peu, et sans doute encouragés par l’ouverture de ce blog, plusieurs de mes amis m’ont transmis leurs textes.
Attendant de moi mon avis, si possible sans concession, sur leur production.
J’ai ainsi sous le coude plusieurs nouvelles attendant mes commentaires. Et l’incapacité de les donner. Pour l’heure du moins.
En effet, s’il m’est aisé de dire que je n’aime pas Voyage au bout de la nuit ou Sexus, en évoquant pourquoi, si je me permets de considérer Djian comme un écrivain de plage, si je peux dire que je m’ennuie au fil des paragraphes écrits par Levy ou Musso, il m’est beaucoup plus difficile de commenter ce qui me plait ou me déplaît dans les écrits de mes proches, redoutant le caractère subjectif de ma critique.
Cela viendra, sans doute ainsi, je m’en rends compte, que la manière dont la tenue de ce blog s’affirme au fil du temps.
Il m’est pourtant, fort récemment, arrivé de juger des productions d’un auteur non publié.
Cet auteur, il se nomme Victor Boissel. Je l’ai découvert via les réseaux sociaux, et plus spécifiquement Twitter. Un échange au sujet des dictionnaires, d’Alain Rey et de France Inter, a engendré quelques curiosités de ma part sur qui était mon interlocuteur.
Je me suis donc rendue sur son site (vous le trouverez référencé ici-même – si ! Là-haut, à droite de votre écran, sous l’appellation « un auteur à suivre »!) et ai découvert qu’il gravitait dans le milieu artistique.
Passant une page Internet, puis l’autre, j’ai découvert ses contes, magiques, qu’il a mis en parole, et à la disposition de tous, tels de superbes cadeaux.
Nous en avons quelque peu parlé, et j’ai eu l’occasion de lui donner mes retours enthousiastes vis à vis de ses productions.
Puis nous avons échangé sur Habeas Corpus.
Habeas Corpus, c’est le roman de Victor Boissel, qu’il a eu la gentillesse de me transmettre, tout en sollicitant mes avis et commentaires.
Ce billet a cela pour principal objet que de donner mon avis sur ce roman, et vous offrir la possibilité de découvrir cet auteur qui, comble du comble, n’est pas encore publié.
Habeas Corpus fait partie de ces romans que l’on nomme vulgairement d’anticipation. Il fait état d’un monde miroir du nôtre, avec ses organisations, ses moyens de communication, ses systèmes de gouvernance, comme un prolongement, une projection dans le futur, de ce que nous vivons.
Je dois vous avouer, à ce point de mon billet, que ce type de roman ne fait en rien partie des lectures que j’affectionne. Bien sûr, j’ai lu Orwell, H. G. Wells, Barjavel, K. Dick, et je connais ce monde. Mais je suis très souvent dubitative et dans la traque de la moindre faille.
Je dois donc dire que Victor Boissel m’a bluffée.
Pour en revenir à mon postulat de départ, son roman se range aisément dans la catégorie des « bonnes histoires bien écrites ». Je n’aime pas dévoiler les récits, par peur de trop en dire, ou d’en déformer les propos. Je dirai simplement que ce récit, tenu de main de maître, nous mène à réfléchir, au travers d’une enquête policière, sur les failles de notre société. Sur ses capacités d’amélioration. Sur nos corps, notre vie, nos aspirations, nos rêves, notre propension à fuir la réalité. Nos rapports humains. Notre considération de l’autre. Et tant d’autres choses !
Ce roman n’est donc pas « que » roman, dans le sens où l’histoire, palpitante, donnée au lecteur, n’est pas qu’une fin en soit. Elle est également là en tant que support de réflexion.
Par ailleurs, Victor Boissel possède un style, qui n’est pas le copié-collé d’un Eco, d’un Bello ou autre. Son écriture fluide n’est pas sans travail ni sans esthétisme. Bien au contraire. Elle est riche sans être baroque, rythmée sans être brouillonne, intelligente sans être hautaine.
A mon sens, il est inconcevable qu’un éditeur un peu finaud, sentant la richesse et le potentiel de cet auteur, ne l’édite pas. Et j’invite ceux d’entre eux qui, potentiellement, pourraient me lire ici, à contacter l’auteur, et faire que rapidement, ses écrits deviennent – enfin !– des objets-livres.
Pour aller plus loin, ci-dessous, un complément d’information indispensable donné par l’auteur, ainsi que les commentaires éclairés de plusieurs de ses lecteurs… et le synopsis du roman ici : http://www.victorboissel.com/VictorBoissel/Habeas_Corpus.html
Les mots d’Émilie me font grand plaisir, à bien des égards.
Elle et moi avons échangé quelque temps après qu’elle eut écrit ce billet et nous avons tergiversé sur la classification des romans, la case dans laquelle on les place, l’étiquette qu’on colle sur leur couverture.
Émilie mentionne le genre de l’anticipation, ce que je reconnais, notamment parce qu’il est un aspect qui distingue l’anticipation et que j’ai souhaité exploiter. Il me faudra sans doute un paragraphe pour parler de cet aspect propre à l’anticipation.
En observant les travers de ce monde, on peut s’amuser à établir des projections, à se demander : “Et si ce travers-là devait dériver ? Et si celui-ci devait devenir la norme ? Et si tel autre devait croître outre mesure ?“ Le “si“ de ces interrogations est un peu celui de Stanislawski qui réclamait de ses comédiens qu’ils s’imaginent vraiment face aux enjeux des personnages qu’ils incarnaient (the magic if). L’anticipation peut avoir ce point de départ, une exagération projetée dans l’avenir, afin de porter un regard critique sur le monde présent.
Ainsi, en un paragraphe (dois-je préciser que je me suis fait violence ?), je reconnais en quoi Habeas Corpus peut s’inscrire dans la famille des romans d’anticipation. D’aucuns y ont vu autre chose. Un roman ou un conte philosophique, un polar, un roman d’aventures, d’amour, un texte de droit ou de politique… j’aimerais tellement qu’ils aient tous raison. Mon fantasme serait qu’on ne le mette dans aucune catégorie, ou que chaque lecteur l’installe dans son propre système de classement.
Hors billet, Émilie me disait que les personnages et leurs relations l’avaient touchée. Ca fait une catégorie, ça ? J’imagine un roman dit “de personnages et de relations”, voilà qui m’enchanterait aussi. Or je crois que ce n’est pas tant à moi de décider, ni même à un éditeur, j’aimerais tant que ce privilège revienne au lecteur.
En tout état de cause, merci à Émilie pour ces mots, un jour peut-être seront-ils lus par un éditeur (ou sa cousine par alliance), d’ici là, je continue d’agiter ma plume, avec un public confidentiel, détenteur d’un secret que je rêve de voir éclater au grand jour.
3 avril, 2013 à 20 h 19 minSans flagornerie ni excès, il fallait toute la sensibilité d’Emilie pour dire l’écriture de Victor, et l’univers d’Habeas Corpus.
A mon tour, je ne peux que trop vous recommander la lecture de l’œuvre phare d’un auteur prometteur, à l’univers riche.
Puissent les dieux de l’Ecriture entendre nos prières !
Sarah
3 avril, 2013 à 23 h 47 minJ’ai eu moi aussi le privilège de lire ce tapuscrit. J’ai lu en deux fois, une fois en mode hypnotique et vorace, l’autre en mode degustation. J’ai adoré sa pensee, son ecriture, son histoire. L’âme des personnages, le decoupage, le rythme … Je n’en suis pas revenue de savoir qu’il n’était pas encore édité. Barjavel l’aurait appelé Maître, et n’aurait peut être pas osé publier « la nuit des temps. Roman inclassable, polyphonique …. Rare.
4 avril, 2013 à 13 h 21 minBonjour,
J’ai lu ce roman de Victor il y a déjà quelques mois. Et je suis d’avis de le placer dans les « bonnes histoires bien racontées ». Je n’ai plus le terme en tête. Je n’ai pas le texte sous les yeux.
Vraiment agréable à lire, mais pas que. Ce livre est intriguant. Plus on s’approche de la fin, plus le récit est intense. Je suis de ceux qui placent ce roman dans du polar/science-fiction. Pas totalement philosophique, ce n’est pas ce que j’en retiens (sans doute n’est-il pas assez développé pour moi dans ce domaine) même si ce livre a un grand potentiel philosophique, à n’en pas douter.
C’est le genre de livre dont on ne regrette pas la lecture. Chaque livre/lecture devrait nous apporter quelque chose, une nouvelle vision du monde, une meilleure compréhension de soi, une indignation,… que sais-je ? Celui-ci le fait.
Et plutôt bien.
Bonne continuation Victor, tu vas finir par arriver à le publier.
4 avril, 2013 à 13 h 42 minQuand même !
Ce roman « de personnages et de relations » – quelle belle définition de celui-ci, à la fois évidente et appelant la réflexion – est un bijou. J’ai eu la chance de le lire, et j’espère que ce billet élargira la population de ses lecteurs. Il possède en effet un style propre, propre à l’auteur – lisez-donc ses magiques contes – mais aussi propre à lui-même, un vase clos et beau. Précipitez-vous !
4 avril, 2013 à 16 h 50 minJ’ai terminé la semaine dernière ce roman de Victor Boissel et je suis heureuse de partager, avec les futurs lecteurs, mon plaisir quant à cette lecture.
L’auteur nous transporte dans un univers dystopique, dans lequel sont traitées les questions éthiques qui régissent notre monde contemporain : la beauté en tant que rétribution de l’ascension sociale, la distraction du «Bas-Peuple» qui, endormi par les jeux, ignore les manoeuvres amorales des tenants du pouvoir, l’euthanasie etc.
La structure du récit est remarquable et la psychologie des personnages est maniée avec soin dans le style propre de l’auteur. J’ai été captivée par ce roman, et transportée au fil des pages par le suspense qui me tenait en haleine, jusqu’au dernier moment. Dans mes lectures, j’apprécie avant tout d’être agréablement surprise par le cheminement de l’action, c’est ce que m’a offert Habeas Corpus (à la différence de bien d’autres ouvrages…).
Un roman qui DOIT trouver un éditeur pour ravir plein de nouveaux lecteurs. Ce roman est une oeuvre qui doit trouver sa place dans vos bibliothèques.
4 avril, 2013 à 19 h 13 minJe vous invite à lire d’autres textes de Victor Boissel (www.victorboissel.com), qui écrit aussi des contes et des nouvelles.
Bonjour Emilie,
4 avril, 2013 à 19 h 47 minFaisant également partie du club encore trop privilégié des lecteurs d’Habeas Corpus, je ne peux qu’être d’accord avec tes mots, si justes, sur ce beau roman.
Moi qui suis fan de K. Dick, Jodorowsky ou Fred Vargas, j’ai été comblée : on y retrouve l’imagination du premier, la noirceur du second, la poésie de la troisième. Sans pour autant que ce soit comparable, car l’humour et la plume de Victor Boissel ne ressemblent à aucuns autres.
J’attache en plus à Habeas Corpus une affection particulière car il représente plusieurs premières fois pour moi. Première fois que je lisais un roman imprimé par moi-même en cachette au bureau. Première fois – depuis le collège – qu’on attendait de moi une lecture critique et commentée d’une oeuvre. Quelle pression et quel honneur… Première fois que j’ai pu dire sincèrement et sans réserve, à un proche que j’avais adoré son livre. Et première fois que je prends la plume pour défendre un roman. J’espère que ce sera également la première fois que je verrai le nom d’un ami sur les tables des librairies !
Anne-Laure
Cette tribune qui (re)donne sa chance à Habeas Corpus fait extrêmement plaisir.
A l’image de son auteur, surprenant, sortant des chemins battus, dérangeant et inclassable, ce roman, il y a quelques années, a failli être « cloné » sur des tas d’exemplaires.
Ce jour-là nous avons bu à la réussite de l’enfant et à la fierté du père. La conjoncture en a décidé autrement.
Aujourd’hui il est là. Retravaillé, mûri, grandi, il est à nouveau prêt sur le quai de cette gare où, paraît-il, le train passe deux fois.
P.S. Mentionner P.K. Dick par Anne-Laure n’est pas chose fortuite. les allégories de cet ouvrage seraient tonitruantes sur grand écran.
5 avril, 2013 à 9 h 16 minJ’ai eu la chance de faire partie des premières lectrices d’Habeas Corpus ! Je pensais ne pas être adepte de ce type de roman dit « d’anticipation » et bien je me suis surprise à me laisser transporter par le récit, les personnages et les réflexions sur notre société ! Je suis totalement revenue sur mes aprioris et je ne saurais donc faire mieux que de le recommander sans l’ombre d’un doute ! J’ai passé un très agréable moment et j’envisage de le relire prochainement. Puissent les éditeurs ouvrir grand leur yeux !
12 avril, 2013 à 21 h 18 minJ’ai lu HC il y a quelques années, avant qu’il ne soit retravaillé. Déjà sous cette forme, j’avais adoré ! Un de mes romans d’anticipation préférés !
Grand adepte de ces lectures, j’ai trouvé dans HC beaucoup d’intelligence et une enquête palpitante ! Jusqu’à la fin, on se demande qui est l’auteur du crime. J’ai avalé le roman, le lisant en marchant (c’est généralement bon signe).
Un bon romand d’anticipation, est pour moi, un aspect de la vie déformé, grossi, démultiplié. Et c’est ce qu’est HC. Que donnerait le monde si tout était dirigé vers le beau ? Que donnerait un gouvernement où les petits partis sont subventionnés par les grands ? Le roman fourmille de mille et une trouvailles.
J’adorerai voir le roman publié (j’ai une maison en tête). J’adorerai que Nicolas Fructus ou Aleksi Briclot en face la couverture. Et je pourrai, ainsi, le faire dédicacer par son auteur.
14 avril, 2013 à 10 h 34 minMoi aussi j’ai eu la chance de lire Habeas Corpus et même trois fois… La première en tant que simple lecteur et les deux autres en tant que libraire…Cette histoire (même si d’anticipation)a tout pour être éditée, j’en vois passer des livres et je peux vous dire que celui-ci est bien au-dessus dans son genre. Son atout peut être, d’être très visuel. La lecture est fluide même si au départ, il faut un peu de concentration ! Il faut absolument faire tourner cette histoire, soutenir comme il se doit l’auteur (et ami) Victor Boissel. C’est important pour un auteur de savoir que les lecteurs ont aimé son travail. J’ai la chance d’être l’intermédiaire entre le livre et le lecteur et comme j’aimerai un jour pouvoir conseiller ce livre dans ma librairie…Longue vie à Habeas Corpus et surtout on ne lâche rien ! Foi de libraire !
18 avril, 2013 à 9 h 47 minLa lecture d’ » Habeas Corpus » nous plonge dans un monde étrange et passionnant . Nous suivons les intrigues dans lesquelles se débattent les personnages , des vies étranges où la jeunesse perpétuelle , la beauté , l’amour sont programmés … le bonheur est-il à ce prix ? ….. futur imaginaire qui nous incite à une réflexion sur nos propres vies ! l’écriture fluide et brillante sert cet original roman , j’ai hâte de le voir publié !
19 avril, 2013 à 8 h 12 minJe suis quelqu’un de très occupé. À ce point occupé que je ne trouve plus le temps de lire, en dépit de mon appétence pour les belles phrases et les bonnes histoires.
En outre, pour quelqu’un de très occupé comme moi, assortir une telle lecture d’un retour critique revêt un caractère chronophage intolérable.
Mais le temps, je l’ai pris pour Victor Boissel. Alors certes je connais Victor, comment aurait-il pu en être autrement puisque seul son entourage a jusqu’ici pu découvrir, ô monde absurde, son œuvre… Mais la relation qui nous lie n’a rien à voir avec ma décision de lecture : l’amitié ne change rien au fait que je suis quelqu’un de très occupé – il me semble important de le souligner – et que les romans ont cette satanée habitude d’empiéter sur les heures. Si j’ai lu Habeas Corpus, c’est donc parce que je sais Victor talentueux et que son pitch m’avait particulièrement séduit (en cela, sur mes neurones, c’était davantage un putsch).
A posteriori, que conclus-je ? Que le manque de réceptivité des éditeurs, leur manifeste lacune de curiosité pour ce qui est neuf, me navrent le cortex. Je sais l’édition mise à mal, je sais les manuscrits nombreux et rares les élus. Mais y’a des limites, bon sang de bon sang. Habeas Corpus est un bon, et c’est un beau, roman. C’est un roman qui se décline au futur et à l’ailleurs mais se fait l’écho subtil de l’ici et du présent. Il parle de nous et de nos vies intérieures par le prisme des histoires de tout un écosystème de personnages aboutis. C’est un livre qui nous raconte, et qui le fait avec style et créativité, un livre qui façonne un univers recodifié dont les dimensions éclairent les nôtres, c’est un livre profond dans ses images et fluide dans la patte, qui virevolte avec brio de métaphore en mise en abîme. C’est un livre qui entremêle différentes histoires comme les fibres palpitantes d’une (en)quête chamarrée. C’est un livre né pour devenir film. Enfin, c’est un livre-concept, une construction originale et méthodique, dont la singularité sert le propos.
Quand un éditeur enfin s’ouvrira au bon sens, les autres s’arracheront les cheveux de ne s’être arraché l’ouvrage.
Quant à moi je ne regrette pas les heures de la lecture, celle-ci a tracé dans mon imaginaire des chemins qu’il m’a plu d’explorer.
Et si je laisse aujourd’hui ce commentaire, ce n’est pas par amitié mais bien par conviction : celle que ce livre doit se frayer un destin jusqu’aux librairies. Si je n’y croyais pas, je choisirais de ne rien écrire, ça prendrait moins de temps. Or je suis quelqu’un de très occupé, voyez-vous.
23 avril, 2013 à 0 h 17 minLectrice assidue des écrits de Victor Boissel, j’ai pour ma part grandi avec ce roman. On tombe dans son intrigue comme on tombe amoureux. Habeas Corpus sonne comme une prophétie à la 1984, juste et effrayant mais si bien écrit qu’il séduit.
3 mai, 2013 à 11 h 50 minMoi aussi. J’ai lu, j’ai aimé. Pour moi il s’agit bien d’un roman d’anticipation. Je n’ai jamais considéré ce genre comme une sous littérature. Bien au contraire. J’ai toujours été friande de cette littérature, riche de tous les passés et de tous les possibles de l’humanité, riche de réflexions sur l’homme et son avenir. Ce roman ajoute une dimension à toutes les dimensions parallèles imaginées et narrées par les Dick, Simak, Orwell, Clarke, Silverberg, Huxley, Barjavel, Bradbury, Curval, Brussolo, Klein, Andrevon et consorts. Et n’a rien à leur envier.
3 mai, 2013 à 23 h 20 minUn crime commis dans un univers sans violence sert de prétexte à l’auteur pour nous entraîner dans tous les recoins, toutes les couches sociales de ce monde trop parfait. Sous couvert de fiction et dans le feu des actions, il analyse une société bien proche de la nôtre, établit des constats, décrit les situations et solutions actuelles, tire les conséquences, dénonce la perversité d’une apparente bienveillance sociale qui n’est en réalité que tyrannie souriante, et pour finir esquisse les ouvertures, les perspectives d’évolution, de changement, de progrès.
Les personnages sont bien campés, bien dessinés, bien observés, on a l’impression de les connaître tous, ou presque, qu’il s’agisse de la sphère publique ou du cercle privé. Les thèmes abordés foisonnent, l’humain est décrit dans toutes ses dimensions, de l’intime au politique, et sont soulevées des questions éthiques, qu’il s’agisse de science, de jeu, d’éducation, de gouvernance, des relations humaines… c’est un roman qui nous amène à une réflexion globale sur le monde actuel, son organisation et sur ses transformations à venir, mais aussi sur l’essence de notre humaine nature.
Victor Boissel use d’une plume de facture classique, élégante jusqu’à l’imparfait du subjonctif, qui tombe pile et poil et sans qu’on le remarquât à la première lecture tant il est utilisé à propos. Rien d’emphatique pourtant, l’écriture est fluide, accessible sans être pauvre, riche de formules bien trouvées, l’expression est personnelle. Le déroulé du récit est souple, logique, tout s’enchaîne et s’emboîte parfaitement.
Pas encore d’éditeur, mais déjà des lecteurs enthousiastes. Et qui attendent la suite, monsieur Boissel. Car ce n’est qu’un début, n’est-ce pas ?
Certain-e-s pourront en témoigner, je l’ai dévoré d’une traite alors que la lecture à l’écran n’est vraiment pas chose aisée pour moi.
4 mai, 2013 à 13 h 31 minJ’aime les romans de SciFi, de médiéval fantasy et d’anticipation. Il est rare d’y trouver une intrigue, du contenu et un style. J’ai trouvé tout cela dans Habeas Corpus. Ce qui m’a happée est que, partant d’un sujet qui a déjà été abordé sous une forme ou sous une autre, V.B. en fait un roman intelligent, prenant et renouvelé. Certains dialogues ouvrent à une véritable réflexion. J’aime la manière dont le récit est construit, comme autant de fils délicatement tirés puis noués les uns aux autres. Quand au style de l’auteur… un vrai plaisir! j’aime la belle écriture et j’ai été servie
Bon, à quand un livre « papier », que je puisse le sortir de ma bibliothèque pour le relire quand j’en ai envie sans m’écorcher les yeux?
Je suis désormais en possession d’un exemplaire « numérique » du roman de Victor. Ce sera ma première lecture numérique.
A laquelle je ne suis a priori pas favorable.
Inconfortable et dans laquelle je ne retrouve bien sûr pas le plaisir de la lecture « papier ».
En cela je partage ta conception de la lecture. J’éprouve un profond respect pour les livres objets de culture. Tous les livres que je possède sont dans un état quasi neuf tellement je les manipule et lis avec moult précautions pour ne surtout pas les abîmer et pour qu’ils puissent embellir encore et toujours ma bibliothèque. Et c’est valable également pour les livres de poche. Que je suis capable de remplacer s’ils sont trop détériorés. Je te rejoins donc quand tu parles « d’emprise charnelle ». Je ne suis pas sensible qu’au contenu mais également au contenant.
Par ailleurs ton activité de critique littéraire semble t’accaparer un peu. Je confiais déjà, avant publication sur mon blog, aux soins de trois déjà bonnes amies rencontrées sur Twitter la relecture de mes billets. Je n’ose te demander de participer à ces « réunions de rédaction » à l’avenir. Quoique…
25 juillet, 2013 à 15 h 47 min